Critique

Les « 24 préludes » de Maurice Ohana : « Au fou ! »

Nantes est le lieu des expériences, René Martin fait désormais confiance au public pour les accepter. C’est parfois houleux. Les « 24 préludes » de Maurice Ohana (1914-1992) : modèle, Chopin, en beaucoup plus radical. Puissant, violent, aucune mélodie, aucune tonalité, avec des contrastes douceur/force, résonance de la pédale, répétition martelée, guirlande de notes, descentes de gammes, jeux de silence. Un moment sublime dans l’extrême aigu, on croirait des blocs de glace qui s’affaissent avec des accents de cristal. 40 minutes qu’on n’écouterait pas tous les jours au petit-déjeuner mais défendu par un jeune homme, Nathanaël Gouin, formidable d’invention, de présence, dans une musique, comme Jolivet, passée de mode et plus injustement. Mais pas étonnant car, 50 ans après, certains crient encore : « Au fou ! ». Allez, on parie : Gouin sera demain l’un des grands du piano français, de la lignée d’un Neuburger, d’un Adam Laloum.

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